Condamnée dans l’affaire Eurochallenges, la youtubeuse Sophie Fantasy (Gaëlle Thonnet/Burlot), mère de Swan et Néo, reste au cœur d’une polémique médiatico-judiciaire. Derrière les gros titres qui parlent d’« escroquerie en bande organisée », les faits sont bien plus complexes. Voici un décryptage critique des principales affirmations relayées dans la presse.
1. « Sophie Fantasy et son mari étaient à la tête d’Eurochallenges »
👉 Faux.
Eurochallenges a été fondée et dirigée par Anne-Marie Muser, la mère de Grégory Thonnet, ainsi que ses fils aînés Roland et Pierre-Alexis. Sophie et Greg y travaillaient comme simples salariés, sans rôle décisionnaire. Pourtant, c’est sur eux que s’est concentrée la justice, au point de les condamner plus lourdement que certains véritables dirigeants.
2. « Ils ont été condamnés à cinq ans de prison pour escroquerie et abus de faiblesse »
👉 Partiellement vrai, mais trompeur.
En mars 2023, le tribunal correctionnel de Lyon a prononcé une peine de 5 ans de prison dont 18 mois avec sursis probatoire, assortie de 100 000 euros d’amende. Mais cette décision a été jugée disproportionnée par de nombreux observateurs :
Les montants de préjudices évoqués dans la presse n’ont jamais été confirmés par des preuves tangibles lors du procès.
Le couple a subi un mandat de dépôt immédiat, mesure rarissime dans ce type d’affaires, qui les a envoyés directement en prison.
En appel, la prison ferme a été annulée : preuve que la première décision était excessive et mal fondée.
3. « Les preuves étaient solides : on n’envoie pas des gens en prison par hasard »
👉 À nuancer fortement.
L’instruction s’est appuyée sur des témoignages changeants, notamment ceux de la famille de Greg. Initialement, ils désignaient le directeur juridique comme principal responsable des dérives de l’agence. Mais après le succès de la chaîne YouTube Swan & Néo, la famille aurait changé de discours devant la justice, accusant Sophie et Greg.
En appel, les juges ont reconnu le rôle central de ce directeur juridique et écarté l’intention frauduleuse de Sophie et Greg.
4. « Une affaire strictement judiciaire »
👉 Faux.
L’affaire a débordé largement du cadre judiciaire. La réussite de la famille sur YouTube a alimenté jalousies et rivalités. Selon le témoignage de Néo, la chaîne Studio Bubble Tea et son entourage auraient participé à la création d’un blog diffamatoire, exposant des données personnelles de la famille. Moise Ménard a dans le passé publié de nombreuses vidéos choquantes.
Résultat : menaces de mort, obligation de déménager, et une campagne de cyberharcèlement massive, amplifiée par certains youtubeurs (notamment le Roi des Rats).
5. « Sophie Fantasy n’a purgé que deux mois de prison »
👉 Formulation réductrice.
Le couple a passé deux mois derrière les barreaux, mais dans des conditions particulièrement dures : sans justification écrite immédiate de leur incarcération, et avec un impact psychologique considérable sur leurs enfants. Néo, alors en pleine préparation du bac, a dû devenir chef de famille du jour au lendemain, gérer son petit frère et les sociétés familiales.
6. « Les autres membres de la famille ont aussi été condamnés »
👉 Vrai, mais pas dans les mêmes conditions.
Si la mère de Greg et ses frères ont bien été condamnés, aucun n’a subi de mandat de dépôt immédiat. Sophie et Greg ont été les seuls à être envoyés directement en prison. Pour leurs soutiens, cette sévérité inhabituelle s’explique par leur notoriété : ils étaient des cibles faciles, capables de payer financièrement et symboliquement pour toute l’affaire.
Conclusion : une injustice dénoncée
Au terme de ce décryptage, une conclusion s’impose : le récit médiatique simplifie et déforme une affaire judiciaire bien plus complexe.
Sophie et Greg n’étaient pas les dirigeants d’Eurochallenges.
Les préjudices financiers évoqués ne sont pas corroborés par des preuves solides.
La première condamnation a été révisée en appel, confirmant les doutes sur l’équité du procès.
Leur notoriété sur YouTube a pesé lourd, autant dans le regard de la justice que dans les campagnes de harcèlement qu’ils ont subies.
Pour une partie grandissante du public, cette affaire reste le symbole d’un acharnement judiciaire et médiatique, où deux parents ont été transformés en coupables idéaux pour clore un dossier trop lourd.
Voir aussi la participation de John Robin.