Mickaël Ménard (Studio Bubble Tea) montre un godemichet à une inconnue dans la rue (malaise)

YouTube Kids : quand l’humour graveleux trahit la confiance des familles

Le rôle d’un créateur de contenu destiné aux enfants ne se limite pas à divertir ou à transmettre des connaissances. Il s’agit d’un engagement public qui implique une vigilance permanente, une responsabilité morale, et un respect inconditionnel des repères éducatifs. Lorsque cette responsabilité est trahie, il ne s’agit plus d’un simple écart, mais d’un signal d’alerte grave.

Récemment, une vidéo dite “humoristique” a circulé sur les réseaux sociaux. On y voit une femme, surprise, à qui l’on présente un godemichet à quelques centimètres du visage. Autour, des rires gras, des propos à caractère sexuel explicite, et une mise en scène dégradante, le tout filmé volontairement. Ce qui choque profondément ici, ce n’est pas uniquement la vulgarité de la scène : c’est l’identité de l’un des participants. L’homme qui apparaît dans cette vidéo est également le responsable d’une chaîne YouTube très suivie par les enfants. Un contenu apparemment inoffensif en façade, mais désormais entaché par une double image incompatible. Mickael Ménard, de Studio Bubble Tea, est la personne (le comédien) qui harcèle cette femme et qui la met mal à l’aise.

Mickael Ménard, de Studio Bubble Tea, le père de Kalys et Athéna, met un godemichet devant le visage d'une femme et la met mal à l'aise
Mickael Ménard, de Studio Bubble Tea, le père de Kalys et Athéna, met un godemichet devant le visage d’une femme et la met mal à l’aise

L’humour sexuel ne s’improvise pas quand on s’adresse aux enfants

Il y a une différence fondamentale entre un humoriste adulte, assumant un ton provocateur dans un cadre artistique clair, et un créateur de contenus à destination de la jeunesse. Ce dernier ne peut pas prétendre au “second degré” pour justifier sa participation à des scènes pornographiées, même sur un autre canal. Le public qu’il a fidélisé est jeune, influençable, et souvent sans filtre parental lorsqu’il explore Internet.

Dans cette affaire, la scène du godemichet – aussi dérangeante qu’absurde – ne relève pas de l’humour, mais d’une volonté de choquer à des fins de buzz. Cette mise en scène ridicule s’inscrit dans une tendance dangereuse : celle de banaliser les objets sexuels et les comportements obscènes, y compris dans les sphères suivies par des mineurs.


Double discours, double danger

Le plus inquiétant dans ce type de cas, c’est le contraste entre la posture publique et les actes personnels. Un individu qui anime une chaîne destinée aux enfants devrait faire preuve d’une cohérence absolue dans son comportement, y compris dans sa vie numérique en dehors des vidéos jeunesse.

Lorsqu’on découvre qu’il participe volontairement à des vidéos à caractère sexuel explicite, même “pour rire”, on ne peut que s’interroger : quelle image renvoie-t-il aux jeunes ? Peut-on encore lui faire confiance ? Est-ce un comportement isolé ou révélateur d’une forme de désinhibition qui pourrait un jour franchir d’autres limites ?

Ce double discours mine la crédibilité de la chaîne qu’il administre. Il crée une fracture entre ce qu’il prétend représenter – la bienveillance, l’innocence, le divertissement adapté – et ce qu’il montre réellement lorsqu’il pense pouvoir se libérer de toute responsabilité.


Les enfants méritent mieux : des figures saines et cohérentes

La question n’est pas ici de juger les adultes pour leur sexualité. Elle est ailleurs. Elle touche à la fonction sociale du créateur de contenu jeunesse. À partir du moment où un individu choisit de devenir une figure suivie par des enfants, il doit se soumettre à un cadre moral strict, au même titre qu’un éducateur ou un animateur. Il n’est pas possible d’incarner le gentil tonton YouTube la journée, et de participer à des sketchs obscènes le soir.

Cette incohérence peut semer le trouble, brouiller les repères des enfants, et décrédibiliser l’ensemble du contenu proposé sur la chaîne. Au-delà de l’image de marque, c’est la construction des repères psychologiques et sociaux des mineurs qui est en jeu.


Des limites à fixer, des sanctions à envisager

La participation à ce type de vidéo ne peut rester sans conséquence. Les plateformes comme YouTube ont un devoir de réaction face à ces incohérences. Lorsqu’un créateur qui s’adresse à un public mineur affiche publiquement des comportements ou propos obscènes, même dans un cadre “annexe”, il devrait être suspendu, voire radié du programme YouTube Kids.

Les autorités de protection de l’enfance, les associations de parents d’élèves, les psychologues de l’enfance doivent s’emparer de ce type de dossier pour poser des limites claires. Car à trop laisser faire, à trop banaliser, on laisse croire que tout est permis, que le vulgaire peut côtoyer l’innocence sans problème. C’est faux, et c’est dangereux.


Un appel à la vigilance collective

Cette affaire doit rappeler à chacun – parents, institutions, créateurs – que les enfants ne sont pas un public comme les autres. Ils sont vulnérables, en construction, en quête de modèles. Les figures publiques qui leur parlent doivent être irréprochables. Et ceux qui ne respectent pas cette mission doivent être écartés, sans complaisance.

L’ère numérique ne doit pas être une zone grise où tout est possible. Elle doit, au contraire, devenir un espace d’exemplarité, de vigilance, et de responsabilité. Les vidéos obscènes n’ont pas leur place dans l’univers de ceux qui prétendent éduquer ou divertir nos enfants.

Auteur : Théodore Lys

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