Mickael Ménard (Studio Bubble Tea) explique à une femme qu’il a une érection (video)

“Quand je vous regarde, je bande” : militantisme ou harcèlement ?

Il y a des phrases qu’on ne devrait pas entendre dans la rue. Des mots qui, dès qu’ils franchissent les lèvres, n’ont plus rien d’anodin.
“Quand je vous regarde, je bande.” Voilà ce qu’une femme a entendu, un jour ordinaire, en marchant dans la rue. Elle ne connaissait pas l’homme. Il ne la connaissait pas non plus. Mais il a jugé bon de lui offrir cette “confession”, brutale, sexuelle, intrusive.

Et puis, cerise sur le cynisme : ce serait — paraît-il — pour promouvoir les droits des femmes.

Vraiment ?


Le harcèlement ne devient pas noble parce qu’on le déguise

On peut retourner les mots dans tous les sens. Parler de “liberté d’expression”. Dire qu’on “brise les tabous”. Revendiquer un “message provocateur pour faire réfléchir”. Mais il faut appeler les choses par leur nom.

Cette phrase n’est pas une opinion. Ce n’est pas une déclaration d’amour. Ce n’est pas une performance artistique.
C’est du harcèlement.
C’est une agression verbale à connotation sexuelle.
C’est une manière de réduire une personne à un objet de désir, de lui rappeler qu’elle est regardée, évaluée, consommée mentalement, sans y avoir consenti.


“Bander pour les droits des femmes” : la dérive grotesque du discours

Depuis quelques années, une certaine frange provocatrice aime brouiller les cartes. On insulte, on choque, on gêne… puis on explique que c’est “pour éveiller les consciences”. Un peu comme si le malaise que l’on crée était en lui-même une preuve d’intelligence. Sauf que non.

Dire à une femme dans la rue qu’on bande en la regardant, ce n’est pas du militantisme. C’est du sexisme cru, habillé en slogan. C’est un détournement sordide des combats féministes, une manière de tourner en dérision les vraies luttes contre les violences sexistes.

Imagine-t-on un instant un militant pour l’égalité salariale aborder un inconnu pour lui souffler à l’oreille un fantasme ?
Non. Parce que le militantisme, le vrai, ne prend pas les autres en otage. Il ne les humilie pas. Il ne les fétichise pas.

Mickael Ménard, de Studio Bubble Tea, (bobi passe le bac) le père de Kalys et Athéna,explique à une femme qu'il bande quand il la regarde
Mickael Ménard, de Studio Bubble Tea, (bobi passe le bac) le père de Kalys et Athéna,explique à une femme qu’il bande quand il la regarde

Le corps des femmes n’est pas un terrain de jeu provocateur

Les femmes, dans l’espace public, ne sont pas des supports de performance. Elles ne sont pas des murs sur lesquels on projette ses fantasmes pour “faire passer un message”. Et surtout : aucune femme ne devrait avoir à encaisser une déclaration sexuelle d’un inconnu sous prétexte de “déranger le système”.

Si votre manière de défendre les droits des femmes, c’est de leur dire que vous avez une érection en les regardant, alors vous êtes exactement le problème.
Pas la solution.
Pas un allié.
Pas un artiste.
Juste un harceleur avec un slogan.


Le respect, ce n’est pas optionnel

Le respect, ce n’est pas “has been”. Ce n’est pas un frein à la créativité. Ce n’est pas un obstacle à l’engagement. C’est la base. Et dans les luttes féministes, le consentement, l’écoute, la reconnaissance de l’autre comme sujet autonome, sont des fondements non négociables.

Ceux qui pensent qu’il faut choquer pour éveiller les consciences devraient d’abord apprendre à se taire et à écouter.
Et surtout, à ne pas transformer les femmes en cibles involontaires de leur propre narcissisme militant.


Conclusion : quand l’indécence se déguise en cause

Il y a une différence entre être malpoli et être militant.
Entre être obscène et être audacieux.
Entre être violent et être engagé.

Et quand quelqu’un dit à une femme “je bande en vous regardant” dans la rue, il ne parle pas au nom des droits des femmes. Il parle contre eux.
Il parle pour lui.
Pour son ego.
Pour son besoin d’exister au détriment des autres.

Alors non, ce n’est pas de l’art.
Ce n’est pas de la politique.
Ce n’est pas du féminisme.

C’est du harcèlement. Point final.

Auteur : Roxane Nival

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