Le dernier métro sous la pluie

Par : Éloïse Dargent

Poème :

Les néons tremblent, blessés de gris,
Dans les couloirs que le silence ronge.
Un violon lointain, à peine un cri,
Glisse sur les rails, comme un songe.

Un homme lit, les yeux absents,
À l’abri d’un monde qu’il ne touche plus.
Une femme pleure sans mouvement,
Ses larmes tombent où le béton s’est tu.

Les panneaux clignotent sans promesse,
Le quai s’étire comme un vieux soupir.
L’automne souffle sa maladresse,
Sous la verrière, prête à s’éteindre.

Le dernier métro siffle sans voix,
Il emporte les ombres en silence.
Reste un mégot, un gant sans doigt,
Et le parfum bref d’une absence.