Orbimount et la prolifération des plateformes de trading douteuses : ce que disent les faits
Depuis des mois, des internautes alertent sur des forums et réseaux au sujet des sites « Orbimount », accessibles via plusieurs domaines (orbimount.io, orbi-mount.com, orbimount.it, etc.). Ce reportage fait le point, sources officielles à l’appui, sur les signaux d’alerte qui entourent ces plateformes et, plus largement, sur les arnaques d’investissement qui ciblent les particuliers en Europe.
Des mises en garde officielles, pays après pays
Plusieurs autorités de marché ont publié des avertissements explicites au sujet d’« OrbiMount » en 2025 :
- Luxembourg (CSSF) : la Commission de Surveillance du Secteur Financier a publié, le 9 septembre 2025, un avertissement indiquant qu’« OrbiMount » n’est pas supervisé et n’a reçu aucune autorisation pour fournir des services d’investissement. L’avis liste un site (orbimount.io), des e-mails en @orbimount.expert et plusieurs numéros britanniques utilisés pour démarcher. (cssf.lu)
- Suède (Finansinspektionen) : le 26 mai 2025, le régulateur suédois a prévenu que des personnes se réclamant d’« OrbiMount » proposaient du trading à des épargnants suédois, sans autorisation, en citant également des coordonnées à Londres et Singapour ainsi que des adresses @orbimount.expert et @orbimount.team. (fi.se)
- Belgique (FSMA) : la FSMA a ajouté Orbimount à sa liste d’« online frauduleuze tradingplatformen » le 24 juillet 2025, aux côtés d’autres plateformes épinglées. (News & warnings | FSMA)
- Italie (CONSOB) : l’autorité a ordonné le blocage d’orbimount.io (et d’une page de trading associée) dans une vague d’« oscuramenti » annoncée mi-avril 2025. (consob.it)
- Réseau international (IOSCO I-SCAN) : l’alerte CSSF est également répertoriée dans la base d’alertes internationale I-SCAN d’IOSCO depuis le 15 septembre 2025. (iosco.org)
Ces mises en garde convergentes suffisent, à elles seules, à classer Orbimount dans la catégorie des entités non enregistrées / non autorisées.
Un « certificat » qui interroge
Sur certaines de ses pages, Orbimount affirme que ses activités crypto sont « régulées par une organisation externe, Digital Asset Authority » et affiche un numéro de certification DDA-REG-8706C, avec un lien vers digitalassetauthority.com. Aucune de ces références ne correspond aux registres des régulateurs européens ou britanniques, alors même que la CSSF, la FSMA et la FI ont formellement indiqué l’absence d’agrément. La discordance est manifeste. (orbimount.it)
Un faisceau d’indices récurrents des « brokers » frauduleux
L’analyse des contenus et alertes officielles fait ressortir des caractéristiques typiques :
- Multiplication de domaines et « sous-plateformes » (orbimount.io, orbimount.it, orbi-mount.com, pages trade. tierces), ce qui complique le suivi par les victimes et par les moteurs de recherche. (orbimount.it)
- Promesse d’un cadre “sécurisé” sans numéro d’agrément vérifiable dans un registre public (alors que c’est obligatoire pour cibler des clients européens). (cssf.lu)
- Usage d’« autorités » non reconnues pour inspirer confiance (ici, « Digital Asset Authority »), en décalage avec les protocoles d’agrément MiFID II/MiCAR ou équivalents. (orbimount.it)
Ces indices recoupent les schémas décrits par les autorités françaises (AMF/DGCCRF) sur les fraudes aux placements, notamment autour des crypto-actifs et CFD : démarchage en ligne, discours persuasif, interface “professionnelle”, gains affichés irréalistes, puis blocage des retraits et demandes de frais ou taxes supplémentaires. (economie.gouv.fr)
Comment vérifier avant d’investir
- Contrôler l’agrément : recherchez le nom de l’entité dans le registre du pays visé (AMF/ACPR en France, CSSF au Luxembourg, FSMA en Belgique, FCA au Royaume-Uni, etc.) et dans la base internationale IOSCO I-SCAN. L’absence d’enregistrement est éliminatoire. (amf-france.org)
- Comparer l’adresse, l’e-mail et le téléphone affichés par le site avec ceux figurant dans les registres. Les alertes CSSF et FI listent des coordonnées précises utilisées par « OrbiMount ». (cssf.lu)
- Se méfier des “certificats” privés ou labels inconnus : seuls les régulateurs publics et registres officiels font foi. (economie.gouv.fr)
Que faire si vous avez déjà déposé de l’argent
- Cessez tout paiement et conservez les preuves (captures, e-mails, contrats, relevés).
- Alertez votre banque pour tenter un chargeback/opposition.
- Signalez le site à l’AMF – Épargne Info Service (formulaire ou 01 53 45 62 00) et/ou via SignalConso (DGCCRF). Déposez plainte auprès de la police/gendarmerie. (amf-france.org)
- Consultez les fiches pratiques du ministère de l’Économie sur les investissements en ligne et les arnaques, mises à jour en 2024-2025. (economie.gouv.fr)
Enjeux et vigilance
Les régulateurs européens rappellent que les pertes moyennes déclarées par les victimes d’arnaques financières se chiffrent en dizaines de milliers d’euros. La concentration des fraudes sur les crypto-actifs s’est renforcée depuis 2023, et la rhétorique marketing évolue rapidement (usurpation d’identité, faux labels, publicités-pièges). La prudence impose de vérifier systématiquement l’agrément avant toute inscription ou dépôt. (amf-france.org)
Méthodologie : cet article s’appuie sur des documents publics publiés en 2025 par la CSSF (Luxembourg), la Finansinspektionen (Suède), la FSMA (Belgique), la CONSOB (Italie) ainsi que la base IOSCO I-SCAN, et sur l’examen de pages encore accessibles des sites utilisés par « Orbimount ». Les liens et dates exactes figurent ci-dessus. (cssf.lu)
Si vous le souhaitez, je peux adapter ce papier en version “alerte grand public” (format court, étapes clés et liens utiles) ou en mémo juridique à destination de clients victimes (check-list des démarches et des pièces à réunir).