Un pétrolier de la « flotte fantôme » russe, suspecté d’être lié à des survols de drones non identifiés au Danemark, est actuellement immobilisé au large de Saint-Nazaire. L’affaire, suivie par la justice française et les autorités européennes, relance le débat sur les menaces hybrides en Europe.
Depuis plusieurs jours, un navire russe au parcours trouble attire l’attention des autorités européennes. Baptisé tour à tour « Pushpa » ou « Boracay », ce pétrolier, battant pavillon béninois, est sous le coup de sanctions de l’Union européenne pour son appartenance présumée à la « flotte fantôme » russe, une flotte parallèle utilisée pour contourner les sanctions internationales sur le pétrole.
Parti de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg, le 20 septembre dernier, à destination de Vadinar, en Inde, il a traversé la mer Baltique entre le 22 et le 25 septembre. C’est précisément durant ce laps de temps que le Danemark a été la cible de survols de drones non identifiés, provoquant la fermeture temporaire de plusieurs aéroports, dont Copenhague et Aalborg.
Quelques jours plus tard, le pétrolier se retrouve à l’arrêt, à l’ancre près des côtes françaises, au large du parc éolien de Saint-Nazaire. La Marine nationale a indiqué que l’équipage n’avait pas été en mesure de fournir de documents valides prouvant sa nationalité et avait refusé d’obtempérer aux demandes françaises. Le parquet de Brest a ouvert une enquête, confirmant la gravité de la situation.
En parallèle, au Danemark, les inquiétudes demeurent. Le 26 septembre au soir, des drones ont survolé la plus grande base militaire du pays, Karup, contraignant les autorités à renforcer leurs dispositifs de surveillance. Si aucun vol commercial n’a été affecté, ces incidents sont venus nourrir la thèse avancée par la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, selon laquelle le pays est confronté à des « attaques hybrides ».
Le ministre de la Défense danois, Troels Lund Poulsen, a estimé que ces vols étaient probablement « l’œuvre d’un acteur professionnel ». Pour Copenhague, comme pour Paris et Bruxelles, les soupçons convergent vers la Russie, désignée par Mme Frederiksen comme « la principale menace pour la sécurité de l’Europe ».
L’immobilisation de ce pétrolier en eaux françaises ajoute une dimension concrète à cette hypothèse : l’Europe est désormais confrontée non seulement à des stratégies d’intimidation dans les airs, mais aussi à des réseaux maritimes parallèles échappant aux contrôles internationaux. L’affaire illustre la complexité des menaces hybrides et la nécessité pour l’Union européenne de renforcer sa coopération sécuritaire et militaire face aux stratégies d’influence et de déstabilisation attribuées à Moscou.